05
MAR
2013

La méthode du Pr Messaoud Ould Mohamed Lahbib

Depuis quelques années et à la suite du forum national sur l’éducation, le Mali s’est engagé dans un processus de reformes du système de l’enseignement supérieur. Celles-ci visent d’une part l’amélioration de la gouvernance universitaire et d’autre part le renforcement de la qualité de la formation et son adaptation aux besoins de l’économie.

 

Le système éducatif malien a connu plusieurs mutations de l’indépendance en 1960 à nos jours. Parmi les événements qui ont marqué ces mutations, nous pouvons retenir : la  réforme de l’éducation de 1962, le premier séminaire national de l’éducation en 1964, la conférence nationale des cadres de l’éducation de 1968, le second séminaire national de l’éducation en 1978, les états généraux de l’éducation de 1988, le Programme Décennal pour l’Education (PRODEC) de 1999, et récemment le Forum National de l’Education de 2008. Ces actes et les textes réglementaires qui les ont accompagnés avaient tous un seul et unique objectif : contribuer à l’amélioration du système éducatif du Mali.

Un facteur de développement

L’enseignement supérieur et la recherche se trouvent à une phase déterminante de leur évolution. La compétition économique mondiale et les impératifs de développement commandent à tous les Etats de mettre en place un système d’enseignement et de recherche plus performant, au cœur des problématiques de développement, se nourrissant des réalités locales et contribuant à les faire évoluer.

Dans le cas malien l’enseignement supérieur est, depuis quelques années, confronté à des difficultés liées à la croissance des effectifs d’étudiants (plus de 100 000 aujourd’hui),  la faiblesse des capacités d’encadrement,  l’insuffisance d’infrastructures, la sous-gouvernance universitaire,  l’inadéquation du cadre juridique et institutionnel pouvant l’adapter au contexte mondial de management et de qualité et à la problématique de l’offre de formation qui reste à améliorer.

Face à ces contraintes et afin de minimiser leur influence défavorable sur le système, le Gouvernement a déjà entrepris des actions  parmi lesquelles la relecture du cadre juridique et institutionnel de l’Enseignement Supérieur, la rénovation et la réhabilitation d’infrastructures universitaires, l’optimisation de la gestion administrative et financière dont la bancarisation des bourses versées aux étudiants, la sécurisation et l’assainissement du domaine universitaire, l’introduction du système Licence-Master-Doctorat qui est un acquis important pour la compétitivité et la mobilité des enseignants et des étudiants. Les autres mesures concernent la création d’une Université régionale (l’Université de Ségou), la création en lieu et place de l’ex Université de Bamako de quatre nouvelles universités dont l’Université des Lettres et des Sciences Humaines, l’Université des Sciences Juridiques et Politiques, l’Université des Sciences Sociales et de Gestion, l’Université des Sciences, des Techniques et des Technologies.

En dépit de leur rôle fondamental dans la production de nouveaux concepts, dans l’accumulation et la transmission du savoir, l’enseignement supérieur contribue, selon M. Marc Bray et l’IIPE (Unesco) à créer l’expertise, à gérer le développement, à organiser la transformation sociale et à préserver les valeurs sociales. Il est reconnu que l’éducation permet d’augmenter le revenu d’un pays et les gains des individus. Si la terre reste la première source de richesse et de revenu dans les sociétés agricoles, dans les sociétés industrielles le capital et les machines ont pris le pas.  » Dans nos sociétés de l’information, le savoir est le moteur de la croissance économique et du développement. Principale source de ce savoir, l’enseignement supérieur en garantit la production, la diffusion et l’absorption dans chaque société « . Le cas des pôles de recherche maliens sur le paludisme et les expériences de l’IER en sont des illustrations parfaites.

Développer les pôles régionaux

C’est en 1993 que l’Assemblée Nationale adoptait la Loi no 93-060 portant création de l’Université du Mali à la suite de l’expérience des grandes écoles dont l’Ena, l’Eni et l’Ensup. L’Université du Mali a, par la suite, été remplacée par l’Université de Bamako.

L’université, créée en 1996 puis scindée en 2011 en quatre entités thématiques pour Bamako,  a pour mission d’assurer la formation des compétences (savoir, savoir-faire et savoir-être), la promotion et la diffusion des connaissances scientifiques et techniques et contribuer au progrès du pays par la recherche, l’innovation et la valorisation du patrimoine culturel et humain du pays. Elle prodigue toutes sortes de formations diplômantes par diverses voies : initiale, continue, apprentissage, à distance, tout au long de la vie.

Le programme de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique prévoit la création de centres universitaires régionaux dans une logique de reforme profonde fondée sur l’autonomie des institutions d’enseignement supérieur au Mali et la compétitivité.

Le pôle universitaire de Ségou est fonctionnel depuis 2011-2012 et forme de hauts cadres dans le secteur de l’agro-sylvo-pastoral et bien d’autres domaines. D’autres projets d’envergure sont en cours à Kabala (7 500 places à terme) ou sont envisagés : Kati et Sikasso.

En attendant le Département investit d’importantes ressources pour louer des salles pédagogiques, notamment à Bamako.

La recherche, la qualité et l’emploi Quant au défi de la qualité, il ne peut être atteint sans l’amélioration du ratio de l’encadrement : 1 enseignant qualifié pour 85,43 actuellement contre une moyenne admise de 1 pour 35 étudiants. La qualité doit se situer au cœur de toute la vision de l’enseignement supérieur. Elle doit devenir une préoccupation de tous les instants pour les dirigeants des établissements ainsi que pour les enseignants et les étudiants.  C’est en ce sens que des partenaires du Département tels que l’UNESCO développement des programmes d’accréditation et d’assurance qualité dans l’enseignement supérieur.

L’État, pour sa part, doit veiller à la qualité du système à tous les niveaux.  C’est dans cette optique que le nouveau Ministre de l’enseignement supérieur, lui-même en terrain connu, préconise la diversification des filières à travers notamment le système LMD, le développement des filières courtes professionnalisantes, la formation des formateurs et surtout la promotion et le développement de la recherche scientifique.

La recherche scientifique représente la spécificité de l’enseignement supérieur et est déterminante dans la qualité de  la formation et la gestion de la carrière des enseignants.  L’imbrication enseignement-recherche est fondamentale pour le bon fonctionnement du secteur académique. Il n’y a pas de bons chercheurs sans une formation supérieure solide, et pas de formation supérieure digne de ce nom sans l’apport des chercheurs, qui évitent la simple répétition des acquis dans l’enseignement Ce qui veut dire que l’excellence de l’école, c’est aussi l’excellence de la recherche scientifique et plus de contribution au développement du pays. Par ailleurs, il est devenu fondamental d’investir dans l’élaboration de plans de développement des universités, le renforcement de la capacité des acteurs, l’introduction des nouvelles technologies de la communication dans l’enseignement conformément aux principes du système LMD ; l’amélioration du management par une démarche d’anticipation et de reformes juridiques devenues indispensables.

Enfin, l’un des axes majeurs de la vision du Ministre réside dans la préservation d’un climat social propice dans l’espace universitaire. C’est dans ce sens que le dialogue social est entretenu régulièrement avec les acteurs du partenariat pour une école apaisée et performante : syndicats, enseignants, administrations, étudiants, parents d’élèves et partenaires techniques et financiers.

 

SourceL’Indépendant – Malijet.com

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